Après l'attentat de Québec, une vigile de solidarité lumineuse... - par l-Editeur
« C’est pas comme ça
qu’on change le monde
»
Jean-Claude X, Québécois, ancien militaire
L'attentat a eu lieu il y a deux jours. Ce soir, des gens arrivent de partout, venus entourer la communauté musulmane éplorée par son drame.
Oubliant le froid, des familles avec leurs enfants... des gens qu'on entend parler arabe... des représentants politiques qui vont du maire de Québec au premier ministre du Canada... L'émotion monte de voir et de participer à cette marée humaine qui défile dans les rues du quartier Ste-Foy, à deux pas de la Grande mosquée. Dans un recoin du coeur, nous sommes fiers de participer comme à un moment sacré et porteur de promesses, sans trop savoir nommer l'émotion qui nous réunit.
Tout ce monde est venu entourer la communauté musulmane éplorée par son drame des derniers jours. Tandis que des jeunes allument et distribuent des bougies dans la nuit, certaines personnes qu'on devine de culture arabo-musulmane cherchent leurs mots pour exprimer le réconfort qu'elles ressentent à être entourées à ce point. Certains sur place, doublés des témoignages entendus sur les médias, expriment qu'ils sont heureux de vivre à Québec - les uns depuis 3, 20, 30 ans maintenant.
Beaucoup de silences habités nous réunissent...J'ai quand même saisi au vol et participé à des conversations quelque fois inattendues. Des gens commentent le drame qui les ébranle... Des jeunes musulmans répondent à des questions sur leur foi... Je devine que bien des Québécois se surprennent à vouloir mieux comprendre : islam, islamisme... Et que beaucoup, parmi les participants issus de l'immigration, ressentent cette bienveillance caractéristique des Québécois, empreinte de simplicité, qui cherchent avec pudeur à communiquer leur sympathie.
Demain chacun de nous rentrera au chaud dans sa maison. Aurons-nous questionné ce qui a permis qu'on en soit arrivé là ? Comment allons-nous emmagasiner l'énergie qui se dégage ce soir en un pareil rassemblement, pour guérir autant qu'enfanter notre avenir ensemble, afin que le drame qui nous réunit n'ait pas été inutile ?...
Nous sommes un peuple à la fois généreux et vulnérable. Dissoudre la peur et l'intolérance appelle autant un travail sur nous-mêmes qu'une recherche de nous ouvrir au monde. Ça se fait dans l'expérience, le contact réel, au pied de notre porte, et pas seulement dans la tête en écoutant les nouvelles.
Quelle sera notre réaction demain quand un parent ou un copain aura un propos qui dénigre un ressortissant du Moyen-Orient ?... Quand une personne portant barbe ou voile viendra solliciter un logement ou un emploi près de nous ? Qu'apprendront-nous à nos enfants sur la famille humaine ?... (1) Laisserons-nous à d'autres de s'en charger ?...
En même temps, comment allons-nous affirmer nos valeurs et notre langue, qui font notre identité et notre originalité en Amérique ? À la fois personnellement et collectivement.
Trouverons-nous des accommodements vraiment raisonnables et une protection du français, dénués de partisanerie politique, où la grande collectivité québécoise va se sentir respectée ? Là se loge aussi un sentiment de sécurité qui fait qu'on ne craint pas d'ouvrir son coeur et sa porte.
Khalil Gibran nous proposait une clé de compréhension de ce qui vient de se passer chez nous dans l'attentat, en le regardant d'un point de vue énergétique : « Une seule feuille ne jaunit jamais sans l'accord de tout l'arbre ». Et si nous inversions la phrase pour en faire un principe d'action ? : « Une seule feuille ne verdira jamais ...sans l'accord de chacun de nous.
C'est bien ce que semblent avoir compris Mohamed Soulami et son équipe d'Actions interculturelles, cités par le Devoir (2017-02-01). Ils ont entrepris d'inviter les citoyens de leur région à poser personnellement un geste d'ouverture quelconque : « Ça peut être un café entre un Québécois d'origine et une personne d'une communauté, un dîner communautaire..., peu importe. Ça va permettre de développer des amitiés et une harmonie au sein d'un immeuble résidentiel, dans une unité de voisinage. »
Quand le mot musulman dans notre tête réveille spontanément le visage d'une personne qu'on aime, d'une famille qui nous est devenue sympathique, on a traversé le pont : on se sent de la même grande communauté québécoise, on devient à l'abri des ghettos et des extrémismes.
C'est bien aussi ce que nous avons entrepris, à Québec, avec le jumelage Cultures au coeur. Bienvenue de vous joindre à nous !
Denis Breton
(1) Je vous suggère ce texte d'opinion remarquable : La culture religieuse à l'école: une nécessité pour construire le vivre-ensemble
« C’est pas comme ça
qu’on change le monde
»
Jean-Claude X, Québécois, ancien militaire
L'attentat a eu lieu il y a deux jours. Ce soir, des gens arrivent de partout, venus entourer la communauté musulmane éplorée par son drame.
Oubliant le froid, des familles avec leurs enfants... des gens qu'on entend parler arabe... des représentants politiques qui vont du maire de Québec au premier ministre du Canada... L'émotion monte de voir et de participer à cette marée humaine qui défile dans les rues du quartier Ste-Foy, à deux pas de la Grande mosquée. Dans un recoin du coeur, nous sommes fiers de participer comme à un moment sacré et porteur de promesses, sans trop savoir nommer l'émotion qui nous réunit.
Tout ce monde est venu entourer la communauté musulmane éplorée par son drame des derniers jours. Tandis que des jeunes allument et distribuent des bougies dans la nuit, certaines personnes qu'on devine de culture arabo-musulmane cherchent leurs mots pour exprimer le réconfort qu'elles ressentent à être entourées à ce point. Certains sur place, doublés des témoignages entendus sur les médias, expriment qu'ils sont heureux de vivre à Québec - les uns depuis 3, 20, 30 ans maintenant.
Beaucoup de silences habités nous réunissent...J'ai quand même saisi au vol et participé à des conversations quelque fois inattendues. Des gens commentent le drame qui les ébranle... Des jeunes musulmans répondent à des questions sur leur foi... Je devine que bien des Québécois se surprennent à vouloir mieux comprendre : islam, islamisme... Et que beaucoup, parmi les participants issus de l'immigration, ressentent cette bienveillance caractéristique des Québécois, empreinte de simplicité, qui cherchent avec pudeur à communiquer leur sympathie.
Demain chacun de nous rentrera au chaud dans sa maison. Aurons-nous questionné ce qui a permis qu'on en soit arrivé là ? Comment allons-nous emmagasiner l'énergie qui se dégage ce soir en un pareil rassemblement, pour guérir autant qu'enfanter notre avenir ensemble, afin que le drame qui nous réunit n'ait pas été inutile ?...
Nous sommes un peuple à la fois généreux et vulnérable. Dissoudre la peur et l'intolérance appelle autant un travail sur nous-mêmes qu'une recherche de nous ouvrir au monde. Ça se fait dans l'expérience, le contact réel, au pied de notre porte, et pas seulement dans la tête en écoutant les nouvelles.
Quelle sera notre réaction demain quand un parent ou un copain aura un propos qui dénigre un ressortissant du Moyen-Orient ?... Quand une personne portant barbe ou voile viendra solliciter un logement ou un emploi près de nous ? Qu'apprendront-nous à nos enfants sur la famille humaine ?... (1) Laisserons-nous à d'autres de s'en charger ?...
En même temps, comment allons-nous affirmer nos valeurs et notre langue, qui font notre identité et notre originalité en Amérique ? À la fois personnellement et collectivement.
Trouverons-nous des accommodements vraiment raisonnables et une protection du français, dénués de partisanerie politique, où la grande collectivité québécoise va se sentir respectée ? Là se loge aussi un sentiment de sécurité qui fait qu'on ne craint pas d'ouvrir son coeur et sa porte.
Khalil Gibran nous proposait une clé de compréhension de ce qui vient de se passer chez nous dans l'attentat, en le regardant d'un point de vue énergétique : « Une seule feuille ne jaunit jamais sans l'accord de tout l'arbre ». Et si nous inversions la phrase pour en faire un principe d'action ? : « Une seule feuille ne verdira jamais ...sans l'accord de chacun de nous.
C'est bien ce que semblent avoir compris Mohamed Soulami et son équipe d'Actions interculturelles, cités par le Devoir (2017-02-01). Ils ont entrepris d'inviter les citoyens de leur région à poser personnellement un geste d'ouverture quelconque : « Ça peut être un café entre un Québécois d'origine et une personne d'une communauté, un dîner communautaire..., peu importe. Ça va permettre de développer des amitiés et une harmonie au sein d'un immeuble résidentiel, dans une unité de voisinage. »
Quand le mot musulman dans notre tête réveille spontanément le visage d'une personne qu'on aime, d'une famille qui nous est devenue sympathique, on a traversé le pont : on se sent de la même grande communauté québécoise, on devient à l'abri des ghettos et des extrémismes.
C'est bien aussi ce que nous avons entrepris, à Québec, avec le jumelage Cultures au coeur. Bienvenue de vous joindre à nous !
Denis Breton
(1) Je vous suggère ce texte d'opinion remarquable : La culture religieuse à l'école: une nécessité pour construire le vivre-ensemble
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Dernière mise à jour: 7 février 2019