Rencontre de juin 2015
 

Nous étions 17 personnes, originaires d’au moins 7 pays différents. Cette fois le Moyen-Orient, l’Europe, l’Amérique latine, l’Afrique et l’Amérique du Nord étaient représentés. Un petit monde !

La rencontre avait pour thème : Vivre en couple mixte : Quelles saveurs ? Quels accommodements raisonnables ?...

Nos témoins invités étaient Soheil Nakhostin et Marie-Hélène Paré, lui originaire d'Iran et d'Algérie, elle du Québec.

Les présentations ont d’abord mis en évidence la richesse d’implication des participants. À titre d’exemple, Émile Kamdem nous a dit un mot de son projet Sentez-vous chez vous, où il propose ici à Québec une halte à de nouveaux arrivants.

Des indicateurs d’intégration ?
Nous nous sommes posé la question : « Quels seraient des indicateurs d’une intégration satisfaisante si on est issu de l’immigration, ou d’une ouverture aux gens d’autres cultures si on est de la société d’accueil ? »

L’humour a vite coloré l’échange, avec des propositions comme « Si la famille a une canne de sirop d’érable dans son frigo », ou « Si la personne s’inquiète de la température à tous les jours »  -  un trait bien québécois !

D’autre propositions avaient de quoi faire réfléchir, par exemple : « Si les gens parlent de sujets qui les rapprochent plutôt que des tabous… », ou « Quand les parents commencent à changer de façon d’éduquer leurs enfants… »

L’échange a fait apparaître que les Québécois de toujours ont aussi entre eux des obstacles à dépasser  -  par exemple quand on est sur ses gardes face à une personne handicapée.

Au sortir de ce remue-méninges, les participants sont invités (et les lecteurs du site Cultures au coeur aussi !) à consulter le premier jet d’un quiz déjà en ligne, et à nous proposer de quoi le mûrir ensemble.

 

Le témoignage
Marie-Hélène s'est formée comme agronome. Soheil est ingénieur dans le traitement de l'eau. Il est au Québec depuis trente ans, après avoir vécu à deux reprises avec sa famille d'être expulsé hors de l'Algérie, puis de l'Iran, à cause de leur appartenance au réseau religieux des Baha'i.

Une famille ouverte. Ainsi, leurs trois jeunes enfants apprennent à écrire le persan. Et Soheil a donné récemment une causerie documentée et valorisante sur l'islam.

Il nous dit : « Je trouve les Québécois très accueillants. Ils sont simples, francs, ouverts d’esprit – des caractères qui m’ont touché beaucoup. » Il affirme : « Je me considère Québécois », bien qu'il voie plus large : « J’ai ma couleur, avec une richesse de trois pays dedans ». Jusqu'à conclure : « Pour moi, ma religion c’est qu’on est tous citoyens de la Terre. Je vois la Terre comme un seul pays. »

Puis l’échange s’élargit avec les questions de plusieurs. C'est l'occasion de se demander ce que c’est être Québécois. Danielle voie ça tout simple : « Sont Québécois ceux qui ont décidé de vivre ici ».

Est-ce facile de former un couple mixte ? Pour Marie-Hélène, l'adaptation aux valeurs de l'autre se vit plus largement qu’à deux : il y a aussi les valeurs de sa propre famille et celles de l’autre. « On veut transmettre à nos enfants la même chose, mais les façons de s’y rendre sont différentes… »

Qu’est-ce que chacun a apporté à l’autre, de par sa culture ?...  Marie-Hélène nous dit : « La culture de Soheil m’a appris un plus grand accueil de la famille, des aînés... Ça nous pousse à élargir notre capacité d’adaptation... Soheil me pousse à m’améliorer comme personne. »

Dans leur cas, cette différence culturelle est aussi religieuse. Pour elle, d'héritage religieux catholique, la découverte de la foi baha'i à travers Soheil a été progressive, puis elle a fini par jouer un rôle important dans leur couple. Si bien que Marie-Hélène tient des classes d’enfants avec l’entourage : « ...où on parle entre autres des différentes religions, de notre recherche de la vérité… C’est une activité pour s’intégrer dans la communauté avec les enfants. » Rayonnante, elle conclut : « Ça a changé ma vie. »

 

Un couronnement à notre année de rencontres

Décidément, nous avons vécu un échange d’une très grande richesse, difficile à communiquer complètement ici.
Il n’est pas étonnant que le goûter final, qui normalement dure 20 minutes, nous a gardés ensemble plus d’une heure ! Il faut dire que la musique s’est mise de la partie. L’atmosphère était à la fête : nous marquions toute une année de rencontres, débutée en septembre dernier avec l’Accorderie.

Ce soir  -  et d'ailleurs progressivement au fil de l’année  -  ceux qui nous ont fait cadeau de leur participation ressentaient qu’il s’est passé entre nous quelque chose de peu banal. Comment le nommer ?...
Peut-être en parlant d’un courant humain qui nous a attrapés, a élargi notre regard. Il nous a fait réaliser qu’il y a ici, à portée de cœur, un carrefour humain d’une immense valeur  -  et que nous ne voulons plus nous en priver.

Rendez-vous en septembre à l'Accorderie ! D'ici là vous pouvez consulter son calendrier d'événements pour l'été.